LES DIFFÉRENTES CULTURES FACE À LA MORT

La mort est universelle. Mais la façon dont elle est vécue, comprise, ritualisée varie profondément selon les cultures, les traditions et les appartenances spirituelles. Pour un soignant, accompagner un patient ou une famille dans la mort, c’est aussi faire preuve de compétence interculturelle. Cela suppose de reconnaître la diversité des représentations, d’éviter les jugements et de créer un espace de respect et d’écoute.

Une diversité de représentations du mourir

Certaines cultures considèrent la mort comme une étape de transition, d’autres comme une fin, ou encore comme une libération.

  • En Afrique subsaharienne, la mort est souvent perçue comme un passage vers un monde des ancêtres.

  • En Asie bouddhiste, elle est une étape du cycle de réincarnation.

  • Dans les cultures chrétiennes, la mort est souvent vécue dans l’espérance d’une résurrection.

  • Dans certaines cultures amérindiennes, le lien entre le vivant et les morts est quotidien, fluide, spirituel.

Pour le soignant, connaître ces représentations aide à comprendre les réactions (rejet, sérénité, angoisse, colère…) et à adapter sa posture d’écoute.

Les rituels et pratiques autour de la mort

Les rituels funéraires sont essentiels pour les familles. Ils aident à traverser le deuil, à donner du sens à la perte, à maintenir un lien symbolique. Mais ils varient :

  • Certains réclament la présence de proches au moment de l’agonie,

  • D’autres imposent une toilette rituelle du corps, par un membre de la famille ou un officiant religieux,

  • Certains souhaitent que le corps ne soit pas touché, ou soit rapatrié au pays,

  • Le port du deuil, les prières ou rites de purification varient énormément.

⚠️ Ces demandes peuvent interagir avec les règles hospitalières (temps de séjour en chambre mortuaire, toilettes, chambres froides, prélèvements, autopsie…). Le dialogue entre les équipes soignantes, les familles, les cultes est alors fondamental.

Quand la culture devient source d’incompréhension ou de conflit

L’équipe soignante peut se retrouver face à :

  • une demande de traitement “à tout prix” liée à une représentation sacrée de la vie,

  • un refus de parler de la mort pour ne pas “attirer le malheur”,

  • des pratiques rituelles vécues comme intrusives dans l’espace hospitalier.

Ces situations exigent écoute, dialogue et médiation, parfois avec l’aide de référents interculturels ou d’aumôneries multi-confessionnelles. Il ne s’agit pas de tout accepter, mais de chercher des compromis respectueux pour tous.

Comment mieux accompagner en contexte multiculturel ?

  • Poser des questions ouvertes sans préjugé : “Y a-t-il des pratiques particulières que vous souhaitez respecter ?”

  • Identifier un interlocuteur de confiance dans la famille ou la communauté.

  • Connaître les ressources de l’hôpital : aumôniers, médiateurs interculturels, associations.

  • Garder une trace écrite des volontés du patient dans le dossier.

  • Se former régulièrement à la communication interculturelle.

👉 Ces compétences ne relèvent pas de la religion ou de la culture personnelle du soignant. Elles s’inscrivent dans la qualité de la relation de soin.

 

En milieu hospitalier, la diversité culturelle est une réalité quotidienne. Prendre en compte les différentes façons de vivre la mort n’est pas un luxe : c’est un soin à part entière. Pour que chaque fin de vie soit accompagnée avec respect, humanité et dignité, dans la pluralité des histoires.

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Guide HAS : "Accompagnement des personnes en fin de vie et de leurs proches"