L'ENTRETIEN AVEC LA FAMILLE APRES UN DÉCÈS INATTENDU
Annoncer un décès est toujours un moment délicat. Lorsqu’il survient brutalement, de façon inattendue, l’impact émotionnel sur la famille est amplifié — tout comme la charge pour l’équipe soignante. Cet entretien ne peut être improvisé : il s’inscrit dans une responsabilité éthique, humaine et professionnelle. Il est aussi un moment clé dans le parcours de deuil des proches. Cette page propose des repères concrets pour accompagner ce moment difficile.
L’entretien avec la famille après un décès inattendu : un moment délicat
Le décès inattendu surgit sans que la famille n’ait eu le temps de s’y préparer. Cela peut concerner :
Une complication post-opératoire brutale
Un arrêt cardiaque inopiné
Un suicide ou une chute grave
Une hémorragie foudroyante, etc.
Dans ces situations, l’état de sidération prédomine. Les mots du soignant, son attitude, sa manière d’écouter et de laisser place à l’émotion auront une portée durable sur le vécu des proches.
👉 Voir aussi la page : La mort brutale et inattendue
Préparer un entretien avec la famille après une mort soudaine
L’entretien doit être posé et préparé, autant que possible :
Lieu calme et fermé, permettant de s’asseoir et de préserver la confidentialité.
Présence de deux professionnels minimum, si possible un soignant connu de la famille et un médecin.
Temps disponible, sans interruption.
L’objectif n’est pas uniquement d’« annoncer une mauvaise nouvelle », mais d’accompagner une déflagration émotionnelle, d’humaniser une réalité brutale et de poser des bases solides pour la suite (informations, questions, soutien).
Que dire lors de l’entretien avec la famille ?
Clarté, honnêteté, humanité
Éviter les euphémismes ou les détours. Exprimer les faits avec délicatesse, mais sans détour :
« Madame, j’ai une nouvelle très difficile à vous annoncer… [pause] … votre mari est décédé ce matin à 7h15 des causes d’un …. »
Laisser le temps de silence après l’annonce.
Accepter les réactions (pleurs, colère, déni).
Nommer les émotions, valider l’impact.
Répéter les informations essentielles
Dans l’état de choc, l’attention est altérée. Il est normal de répéter plusieurs fois les mêmes éléments.
Après l’entretien post-décès : accompagner les soignants aussi
Le besoin de comprendre est vital. Le soignant peut :
Revenir sur les éléments cliniques connus
Expliquer les gestes tentés pour réanimer, les délais, les incertitudes
S’appuyer sur la réalité factuelle et son humanité
En cas de colère ou d’accusation, rester centré sur l’écoute, la reconnaissance de la souffrance, sans chercher à se défendre trop vite. Si besoin, prévoir un second entretien plus tard, avec l’encadrement ou la médiation.
Proposer un accompagnement concret
Les proches doivent repartir avec :
Des coordonnées claires d’un référent hospitalier
Des informations écrites sur les démarches à suivre
Une orientation vers un soutien psychologique ou associatif
La possibilité de voir le corps, dans un cadre accompagné et respectueux

L’impact sur le soignant : en parler, se soutenir
Un décès inattendu peut bouleverser profondément les équipes, notamment en cas de sentiment d’échec ou d’erreur.
👉 Voir aussi :
L’impact de la mort pour le soignant
L’impact de la mort pour l’équipe
Prendre un temps de debriefing collectif, solliciter un soutien psychologique, partager avec un pair, peut permettre de prévenir l’épuisement ou le repli.
Ce moment difficile ne peut jamais être rendu « facile », mais il peut être rendu juste, humain et soutenant. En accompagnant la famille dans cette épreuve, le soignant contribue aussi à un geste de réparation, à une forme d’éthique de la relation qui dépasse le soin.