LA MORT D'UN COLLÈGUE – Le deuil entre soignants

Dans un service hospitalier ou médico-social, les liens entre collègues dépassent souvent le cadre strictement professionnel. On partage les tensions, les gardes, les doutes, les rires, les nuits… Alors, quand un collègue meurt — brutalement ou après une maladie —, c’est un membre de la « famille du soin » qui disparaît. Ce deuil a des spécificités fortes, trop souvent négligées dans les institutions.

Un choc collectif souvent minimisé

La mort d’un collègue est un événement à fort impact émotionnel, mais souvent invisible dans les structures :

  • Pas ou peu de reconnaissance officielle du deuil

  • Reprise immédiate de l’activité clinique

  • Absence d’espace dédié au recueillement ou à la mémoire

Et pourtant, cette disparition laisse un vide dans l’équipe, dans les habitudes de travail, dans les repères quotidiens.

Une perte qui réactive les autres

La mort d’un collègue peut réveiller des deuils passés — personnels ou professionnels —, mais aussi renvoyer chacun à sa propre mortalité. C’est parfois la première fois que la mort entre si directement dans le service, hors du cadre du soin. Ce type de deuil confronte les soignants à des émotions très personnelles : injustice, colère, peur, culpabilité.

Comment soutenir l’équipe après un tel événement ?

L’organisation d’un temps de recueillement collectif (symbolique, laïque ou religieux), d’une réunion d’équipe dédiée, ou d’un espace d’écoute (psychologue du travail, cellule de soutien) est essentielle.

Quelques pistes concrètes :

  • Créer un mur du souvenir ou un espace mémoire dans le service

  • Relayer les obsèques (sans pression à y assister)

  • Mettre en place un soutien psychologique renforcé à moyen terme

  • Autoriser des congés exceptionnels pour les collègues proches

 

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L’après : prévenir l’usure, raviver le collectif

Le deuil d’un collègue peut, à long terme, déstabiliser l’équilibre d’une équipe. Il est donc important d’en parler, même des semaines après, pour :

  • Réfléchir collectivement à ce que cette perte a signifié

  • Renforcer la cohésion autour de ce vécu commun

  • S’assurer que chacun trouve un espace d’expression adapté

Faire le deuil d’un collègue, ce n’est pas faire le deuil d’un simple poste vacant. C’est traverser l’absence d’un visage, d’un rire, d’un regard dans un couloir. Ce deuil mérite sa place, son rythme, sa reconnaissance, dans nos vies de soignants comme dans nos institutions.