LA MORT D'UN PROCHE - Quand le soignant devient endeuillé
Perdre un proche en tant que soignant peut être une épreuve complexe, chargée d’émotions contradictoires. Entre empathie professionnelle et douleur intime, il n’est pas toujours facile de trouver sa place, de s’autoriser à vivre pleinement le deuil, ni même d’obtenir le soutien nécessaire. Cette page explore cette expérience à part, souvent méconnue dans les institutions de soin.
Le soignant confronté à sa propre peine
Les soignants sont souvent perçus comme des figures de soutien face à la mort. Mais que se passe-t-il quand c’est eux qui perdent un être cher ? Le deuil personnel peut alors entrer en conflit avec le rôle professionnel, créant un double fardeau :
Continuer à accompagner la souffrance d’autrui tout en vivant la sienne
Reprendre le travail trop tôt par culpabilité ou pression institutionnelle
Se sentir coupable d’être affecté quand on est censé « savoir gérer »
👉 VOIR AUSSI : Les différentes phases du deuil pour le soignant
Des réactions émotionnelles spécifiques
Le soignant endeuillé peut traverser un éventail d’émotions puissantes : chagrin profond, colère, vide, mais aussi un sentiment d’injustice d’avoir “tout compris” à la mort sans avoir pu s’y préparer pour lui-même.
L’exposition quotidienne à la mort peut, paradoxalement, accentuer la difficulté à vivre son propre deuil :
Difficulté à demander de l’aide
Minimisation de sa peine
Réactivation de deuils précédents non résolus

Parler, être entendu : un besoin fondamental
Il est crucial de ne pas rester seul face à cette douleur. Le soutien entre collègues, les espaces de parole (groupes de debriefing, cellules d’écoute), et les consultations psychologiques peuvent faire une vraie différence
Quand la souffrance persiste : reconnaître un deuil compliqué
Dans certains cas, un deuil mal accompagné peut évoluer vers un deuil pathologique (trouble prolongé du deuil). Certains signaux doivent alerter :
Impossibilité de reprendre une vie professionnelle normale
Retrait social
Symptômes dépressifs ou anxieux durables
Épuisement émotionnel ou physique
Un suivi professionnel est alors fortement recommandé.
👉 Pour en savoir plus sur : Le deuil pathologique
Les soignants aussi ont le droit d’être vulnérables, de pleurer, de se retirer temporairement du soin pour prendre soin d’eux-mêmes. Reconnaître cette légitimité, c’est renforcer leur humanité et leur longévité professionnelle.