La mort post-intervention

La mort post-intervention, ou le décès d’un patient suite à une intervention médicale ou chirurgicale génère un traumatisme immédiat, tant pour les proches que les soignants. les soignants sont confrontés à un dilemme psychologique profond. D’un côté, il y a la volonté de sauver des vies, d’apporter des solutions à la souffrance et de réparer ce qui peut l’être. De l’autre, la reconnaissance de leurs propres limites face à une situation irréversible. Cette dualité engendre une détresse morale, particulièrement marquée dans le contexte des interventions complexes. Le décès après une procédure médicale soulève des questions éthiques et pratiques importantes, notamment sur la manière de communiquer avec les familles, les ajustements à opérer dans les pratiques médicales, ainsi que les implications émotionnelles pour les soignants. Les SURvivants, qu’ils soient membres de l’équipe soignante ou proches du patient, sont contraints d’affronter cette réalité avec un poids émotionnel immense. 

La Perception d’un Échec Thérapeutique

Lorsque la mort survient après une intervention, le sentiment d’échec est souvent amplifié par l’idée que les soignants n’ont pas réussi à accomplir leur mission, qui est de sauver des vies. Cela peut être particulièrement difficile à accepter lorsque le patient nourrissait des attentes positives vis-à-vis du traitement, voire un espoir de guérison. Le contraste entre ces attentes et le résultat final génère un sentiment de culpabilité, amplifié par la perception d’un échec thérapeutique et/ou par les ocnséquences de la décision médicale (plus ou moins partagée) et de réalisation du geste. 

L’impact psychologique de ces évènements est profond. Le soignant peut développer un syndrome de stress post-traumatique ou une remise en question de ses compétences.

Le Dilemme de l’Information au Patient

Un autre aspect crucial est le dilemme de la transparence face à la communication des risques aux patients. Se pose alors la question de l’implication du patient dans la décision médicales qui a conduit au geste. Peut-on tout dire au patient comme il est recommandé par l’HAS, est ce que le patient est prêt à tout entendre ? Les soignants se retrouvent souvent à devoir juger de la quantité et de la nature de l’information qu’ils délivrent.  Ce dilemme peut créer un conflit intérieur, notamment si le patient était prêt à affronter la vérité. En parallèle, l’équipe médicale doit gérer l’impact émotionnel de ces décisions sur les soignants eux-mêmes, les proches du patient qui vivent cette expérience avec un sentiment d’impuissance, de colère ou de confusion.

La "Logique du soin" pour accompagner les soignants

Afin de surmonter cette épreuve, un accompagnement post-intervention est essentiel pour les soignants. Mol AM, sociologue et philosophe, développe une critique du modèle dominant de la prise de décision médicale basé sur l’autonomie du patient. Elle propose une « logique du soin » qui met en lumière l’importance des relations, de la pratique collective et du pragmatisme dans l’acte de soigner. Dans ce cadre, la mort est envisagée non comme un échec mais comme une partie intégrante du parcours de soin, ce qui redéfinit la posture du soignant et réduit la culpabilité liée aux décès inattendus. 

Il devient alors essentiel de mettre en place des dispositifs de soutien psychologique pour les soignants, leur permettant de verbaliser ces expériences et d’intégrer ces événements sans sombrer dans l’isolement ou l’épuisement émotionnel.